Sophrologie féministe et engagée

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Prenez le temps nécessaire de faire une trêve

Les violences sexistes et sexuelles

Les violences sexistes et sexuelles sont une réelle problématique en France. Pour en parler, il est nécessaire de définir, de poser les chiffres et de mettre en exergue des études permettant de déconstruire la culture du viol, un outil efficace d’oppression des femmes dans un système patriarcal.

Encore et toujours parler des violences faites aux femmes : pourquoi ?

Le rapport du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes a sorti son rapport 2023 sur l’état du sexisme en France. Le constat ? L’année 2022 est « marquée par la réémergence d’un mouvement réactionnaire à l’égard des femmes, qualifié de « backlash ». Certes, depuis #MeToo, une plus grande sensibilité face aux inégalités et aux violences existe, néanmoins bien que « l’opinion reconnaît et déplore son existence », elle « ne rejette pas le sexisme en pratique » pour autant. Alors parlons-en.

Les violences sexistes et sexuelles : définition

L’ONU donne une définition concernant les violences faites à l’égard des femmes.

La violence faite aux femmes désigne tout acte de violence fondé sur l’appartenance au sexe féminin, causant ou susceptible de causer aux femmes des dommages ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, et comprenant la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée.

L’association #NousToutes propose une pyramide de l’ensemble des violences sexistes et sexuelles et de les caractériser.

En partant du bas pour aller au sommet de la pyramide, nous trouvons :

Un agissement lié au sexe qui porte atteinte à la dignité ou crée un environnement dégradant.

Exemple : « Tu as tes règles ou quoi ? »

Un propos sexiste ou à connotation sexuelle qui porte atteinte à la dignité ou crée une situation offensante.

Exemple : « Hey mademoiselle, t’es bonne ! »

Une expression outrageante liée au sexe pouvant être lue ou entendue d’un public.

Exemple : « Espèce de salope » sur les réseaux sociaux ou dans la presse

Un propos ou un comportement à connotation sexuelle, répété et qui porte atteinte à la dignité ou crée un environnement humiliant, offensant ou dégradant.

Exemple : « Toi, tu as l’air d’une allumeuse ! »

Des actes violents comme des coups ou des brûlures

Un contact physique commis avec violence, contrainte, menace ou surprise sur une zone sexuelle (fesses, sexe, seins, bouche et entre les cuisses)

Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Exemple : une fellation forcée

L’idée est de montrer qu’il s’agit d’un continuum de violences et qu’une violence comme l’agissement sexiste permet une autre plus haute dans la pyramide pour en arriver notamment au viol.

Outre les violences sexistes et sexuelles, les femmes sont aussi victimes de plusieurs autres types de violences, à savoir :

  • Les violences administratives (rétention de papiers…)
  • Les violences économiques (surveillance du compte en banque, inégalité salariale…)
  • Les violences psychologiques (injures, humiliations…)
  • Les violences physiques (coups, étranglements…)
  • Les violences gynécologiques (stérilisation forcée, IVG forcée…)

Qui sont les victimes des violences sexistes et sexuelles ?

Les femmes sont majoritairement victimes de violences sexistes et sexuelles. 16 % d’entre elles ont au moins une fois dans leur vie été victimes de viol ou tentatives de viol. Précisons que les hommes sont eux aussi victimes de ce type de violence et ce dans une moindre mesure.

En effet, 5% des hommes sont victimes de violences sexuelles dont 67 % avant leur 18 ans. Lors d’une formation #NousToutes, l’intervenante cite la remarque d’une association féministe : « Dans nos sociétés, devenir un homme protège ».

Pour penser les violences sexistes et sexuelles dans sa globalité, il est nécessaire de ne pas invisibiliser sous un unique terme l’ensemble des victimes.

Les victimes peuvent être : 

Iels sont les plus touché.es par ces violences. 80 % des violences ont lieu lorsque les victimes ont moins de 18 ans, dont 51 % avant l’âge de 11 ans. Autre chiffre, 1 fille sur 8 et 1 garçon sur 10 ont subi des agressions sexuelles avant 18 ans et ce entre 9 et 12 ans.

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Une personne sur deux sera victime de violences sexuelles au cours de sa vie.

Les quelques chiffres proviennent des États-Unis. Les femmes qui s’identifient comme bisexuelles sont celles qui subissent le plus de violences sexuelles à hauteur de 46 %.

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Près de 80 % des femmes handicapées sont victimes de violences psychologiques et physiques. Ces femmes ont un risque plus élevé de subir des violences sexuelles. En effet, une femme sur trois est susceptible d’en subir ; si le handicap est psychique, le pourcentage monte à 90%.

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Qui sont les agresseurs sexuels ?

L’idée pré-conçue qu’un viol est l’histoire d’une femme adulte, seule dans la nuit, dans l’espace public attaquée par un inconnu armé mais parvenant quand même à crier et à se débattre ne représente que 10% des cas.

Il est donc possible qu’il s’agisse d’un inconnu mais que se passe-t-il dans les 90 % cas restants : qui sont les agresseurs dans la grande majorité et dans quelles conditions ces violences ont-elles lieu ?

Plusieurs études permettent de mettre en évidence que les hommes sont les responsables des violences sexistes et sexuelles. 94 % des femmes victimes ont en effet un point en commun : le genre masculin en tant qu’agresseur. Pour 90 % des victimes de viols, les femmes connaissent le violeur et dans 45 % des cas, il s’agit du conjoint. Les agresseurs sexuels sont donc majoritairement proches de leurs victimes. Par ailleurs, ces agressions se déroulent principalement dans des lieux connus, voire rassurants.

Toutes les catégories socio-professionnelles sont représentées chez les agresseurs. Valérie Rey-Robert précise qu’au sein d’une étude au Tribunal de grande instance de Créteil faite en 1995, 65 % des agresseurs sont insérés dans la vie active et seuls 6 % ont eu une enfance difficile.

Par ailleurs, l’idée répandue selon laquelle les hommes auraient des pulsions sexuelles incontrôlables est fausse (57 % des français considèrent qu’il est plus difficile pour les hommes que pour les femmes de maîtriser leur désir sexuel). Pourtant, près des trois quarts des viols relatés étaient entièrement planifiés, 11 % partiellement et seulement 18 % étaient des actes impulsifs.

Les blessures physiques des victimes ne sont pas systématiquement présentes lors de viols. Pour commettre cet acte, la violence physique et/ou la présence d’armes ne sont pas nécessaires.

Pour finir sur le stéréotype d’un « vrai viol », la victime peut du fait de la situation terrorisante par son anormalité, son aspect dégradant et incompréhensible, avoir une réaction émotionnelle qu’on appelle sidération ne lui permettant ni de crier, ni de se débattre.

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des femmes déclare qu’un partenaire lui a déjà imposé un rapport sexuel non protégé malgré son désaccord.

32 %

des femmes ont déjà subi du harcèlement sexuel au travail

94 000

femmes sont victimes de viol par an.

Un acte de domination favorisé par la culture du viol au profit d’un système patriarcal

Le viol ou tout autre violence sexuelle n’est pas un acte d’amour, ni une relation sexuelle mais un acte de pouvoir, de domination d’une personne s’exerçant sur une autre. Les violences sexistes et sexuelles sont des outils permettant un contrôle pour faire perdurer le système dans lequel nous vivons : la société patriarcale. Pour reprendre les mots de Susan Brownmiller, le viol est « un processus conscient d’intimidation par lequel tous les hommes maintiennent toutes les femmes dans la peur ».

Le terme de patriarcat implique que l’oppression des femmes « fait système » et que les discriminations vécues par les femmes ne sont pas naturelles, individuelles, mais globales et systémiques.

La société patriarcale est notamment appuyée par « la culture du viol ». Dans son livre, Une culture du viol à la française, Valerie Rey-Robert propose de la définir ainsi : il s’agit de « la manière dont une société se représente le viol, les victimes de viol et les violeurs à une époque donnée. Elle se définit par un ensemble de croyances, de mythes, d’idées reçues autour de ces 3 items. On parle de culture car ces idées-reçues imprègnent la société, se transmettent de générations en générations et évoluent au fil du temps. »

Les mythes et idées-reçues de la culture du viol

Mythe n°1 : les femmes, toutes des menteuses et des manipulatrices ?

27% des Français pensent que beaucoup de viols ayant fait l’objet de plaintes n’en sont en fait pas. Il faut savoir que seulement 10 % des femmes majeures victimes de viol portent plainte. Des études montrent que les allégations fausses concernant le viol s’élèveraient uniquement à 2,5%.

Pourquoi cette idée est-elle si répandue ? Pourquoi doutons-nous très souvent de la crédibilité des femmes ? Il existe un biais cognitif, un réflexe de déni pour éviter de regarder une réalité insupportable. Ce mythe remet en cause la parole des femmes et constitue un outil de contrôle de leur parole.

Mythe n°2 : « Elle a dit non, mais elle voulait dire oui » ?

17% des Français considèrent que beaucoup de femmes qui disent « non » à une proposition de relation sexuelle veulent en fait dire « oui » et 32 % des Français pensent qu’à l’origine d’un viol, il y a souvent un malentendu.

Le concept de consentement, au centre de ce mythe, pose problème dans un système où les femmes sont en situation d’oppression. Il n’est possible qu’entre deux individus égaux et est actif, éclairé et un « oui continu » notamment lors d’une relation sexuelle. Alors que fait-on de ce concept ? Geneviève Fraisse propose de parler de « volonté » plutôt que de consentement. Ce terme permet « d’échapper au compromis et oublie la relation, le rapport entre les gens. [La volonté] renvoie à l’autonomie et à la raison de chacun ».

Par ailleurs, se concentrer sur le consentement de la victime lors d’un viol est un « piège » comme le suggère Valérie Rey-Robert. On se questionne davantage sur ce qu’a fait, dit ou non la victime, plutôt que sur les faits et gestes du violeur. Pourtant, pour prouver qu’il ne s’agit pas d’un viol, d’un « rapport de force sexué », l’agresseur devrait être questionné sur son comportement et être en mesure de justifier ses actes.

Mythe n°3 : « Elle l’a quand même bien cherché, non » ?

42 % des Français estiment que si la victime a eu une attitude provocante, cela atténue la responsabilité du violeur. Par attitude provocante, on peut entendre la tenue, le maquillage, la consommation d’alcool, les sorties tard le soir. Dans la culture du viol, ces éléments représentent des outils de contrôle social. Cette culture favorise le fait de faire porter la responsabilité de l’acte sur la victime et non le violeur ; ce qu’on appelle le victim-blaming.

Ces violences sexistes et sexuelles ont un fort impact sur les victimes : physiquement et psychologiquement. Il est primordial d’en prendre conscience, de savoir les repérer et de les prendre en charge. C’est pourquoi je souhaite proposer un espace de dialogue bienveillant via une pratique thérapeutique donnant des outils pour aller mieux et d’apporter mes connaissances sur les conséquences de ces violences : le psychotraumatisme