Sophrologie féministe et engagée

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Prenez le temps nécessaire de faire une trêve

Sophrologie

Inventée en 1960, la sophrologie est une méthode psychocorporelle visant le mieux-être chez les pratiquants. Fondée par Alfonso Caycedo, elle tire ses influences aussi bien d’Occident que d’Orient. Depuis 1995, deux courants majeurs émergent : l’un axé sur la pédagogie de l’existence et l’autre sur une méthode thérapeutique et de développement personnel ; un chemin que j’ai choisi d’emprunter.

Les fondements de la sophrologie

Le père de la sophrologie est Alfonso Caycedo. Né en 1932 en Colombie et mort en 2017 à Barcelone, il est de nationalité espagnole et exerce dans son pays la majeure partie de sa vie. Il conçoit en 1960 la sophrologie, une méthode thérapeutique inspirée de pratiques occidentales et orientales.

La méthode naît d’un constat : il est nécessaire de trouver un moyen efficace pour compléter les traitements de l’époque en hôpital psychiatrique autre que les électrochocs sans anesthésie ou les comas insuliniques. Il utilise l’hypnose d’abord et fonde la « Société espagnole d’hypnose clinique et expérimentale » en 1959. Les résultats sont satisfaisants mais l’amalgame entre charlatanisme et hypnose le pousse à créer une nouvelle discipline pour éviter toute confusion d’où la nouvelle terminologie de « sophrologie ».

Les influences thérapeutiques de la sophrologie

Alfonso Caycedo construit sa méthode en s’inspirant de plusieurs méthodes thérapeutiques. Pour remplir l’objectif de relaxation il s’intéresse au « training autogène » du psychiatre allemand Johannes Heinrich Schultz. En quoi cela consiste ? On se met en condition d’auto-hypnose grâce à des exercices réalisés en position allongée, les yeux fermés et en se concentrant sur une partie de son corps, via des visualisations de couleurs, d’objets et de sensations. Pour résumer, on part de l’esprit pour relaxer le corps.

Dans le sens inverse et en partant du corps vers l’esprit, le médecin Edmund Jacobson constitue une autre influence avec sa méthode de relaxation progressive. Il cherche à créer des prises de conscience de sensations par des contractions musculaires puis de nouveaux ressentis par de la détente musculaire. Concrètement, on effectue des exercices de contraction puis de décontraction région du corps par région du corps, muscle après muscle. Les yeux sont fermés, des temps de pause sont laissés pour intégrer les ressentis et on répète trois fois les exercices.

Alfonso Caycedo s’est également inspiré de :

  • La méthode Vittoz qui met l’accent sur l’autonomie du patient face à ses psychoses par un contrôle cérébral
  • La méthode Coué, aujourd’hui bien connue pour le principe d’influence de la pensée positive et de l’autosuggestion sur la santé.
  • Les thérapies brèves développées par le psychologue américain Milton H. Erickson. Ce dernier a pour idée que le patient détient la solution à ses problèmes. Le thérapeute est la personne qui peut l’accompagner.

L’influence philosophique de la sophrologie : la phénoménologie

En 1963, Alfonso Caycedo découvre la phénoménologie en Suisse aux côtés du psychiatre Ludwig Binswanger, dont il est l’assistant. Cette philosophie a été pensée par Edmund Husserl (1859-1938) au XXème siècle et séduit le neuropsychiatre. Ce courant de pensée prône le retour à l’expérience vécue, au phénomène et à la perception subjective de celle-ci et à la façon dont chacun donne du sens au monde. Elle met de côté l’idée d’une connaissance objective indépendante de l’expérience individuelle pour se concentrer sur le caractère unique et subjectif de chaque expérience. En phénoménologie, il existe une suspension de jugements et de présupposés pour permettre une observation directe et une description précise du phénomène. L’objectif est de comprendre la réalité telle qu’elle est vécue par l’individu et de ne pas spéculer sur des réalités externes ou des théories abstraites. Caycedo s’emploie à adapter cette philosophie à sa méthode thérapeutique. La sophrologie se fonde notamment sur :
  • Le retour au phénomène
  • La suspension du jugement
  • La mise entre parenthèses du phénomène en captant sa pluridimensionnalité

L’intégration de la phénoménologie lui permet de rompre avec les amalgames faits au sujet de l’hypnose et de la relation dominant/dominé. Aucun transfert entre le ou la thérapeute et son/sa patient.e n’est possible puisqu’il s’agit de revenir au phénomène et de suspendre tout jugement pour créer une véritable alliance.

L’influence orientale de la sophrologie : le yoga, le bouddhisme tibétain et le zen

L’influence orientale de la sophrologie est à chercher du côté de Colette Caycedo ; la femme du neuropsychiatre. Cette lilloise passionnée par l’Orient, pratique le yoga et « amuse [son mari à faire] ces espèces de pirouettes ». Sa bibliothèque intrigue : ses livres évoquent la conscience mais autrement qu’en Occident.

Il décide d’entreprendre un voyage de six mois en Orient et finalement y restera de 1965 à 1968. L’Inde, le Tibet, le Japon feront partie de ses destinations. Il visite les ashrams des raja yogi de l’Himalaya et ceux du Sud de l’Inde, séjourne avec les lamas tibétains à Dharamsala où se trouve le dalaï-lama et y découvre le yoga. Il se rend au Japon, visite les monastères zen et s’essaie à la méditation.

Alfonso Caycedo : une relation d’alliance en sophrologie

Sortir d’une relation biaisée induite par l’hypnose vers une relation d’alliance avec la sophrologie

La sophrologie d’aujourd’hui

Depuis sa création, la sophrologie a évolué et différents courants ont fait leur apparition. Il en existe deux principaux :

  • celui fidèle à Alfonso Caycedo et qui considère que la sophrologie est une pédagogie de l’existence et non une thérapie. Cette différenciation a été opérée en 1995 à la suite de la création de la Sophrologie Caycédienne, appelée Méthode Caycedo.
  • Une sophrologie généraliste qui se base sur les fondements théoriques de 1960 à 1995 et qui envisage la sophrologie comme un outil thérapeutique et de développement personnel.
Les champs d’application de la sophrologie

La sophrologie dans le courant de la sophrologie généraliste et plus spécifiquement enseignée à l’Institut de Formation à la Sophrologie (IFS) se pratique dans le but d’un mieux-être pour améliorer son quotidien, d’être accompagné lors d’un traitement médical ou d’un comportement pathologique, et d’obtenir de l’aide pour se préparer mentalement à un événement.

Les bienfaits de la sophrologie

La sophrologie est en 2023 connue dans le paysage des méthodes thérapeutiques pratiquée en France. Pourtant, aucune étude scientifique ne permet d’affirmer sur des bases rationnelles l’intérêt de la pratique. L’Inserm propose d’évaluer l’efficacité et la sécurité de la méthode en 2020 et sort en 2021 un rapport. Le constat ? À l’heure actuelle, les quelques études existantes sur la pratique ne peuvent prétendre à répondre à l’ensemble des critères d’une évaluation d’un soin. Pour l’Institut, il n’est pas possible d’affirmer ou non les bienfaits de la méthode.

Les chiffres de la sophrologie en France

Sondage réalisé par la Chambre syndicale de la sophrologie en 2020

94 %

des français ont entendu parler de la sophrologie

11 millions

de Français déclarent avoir déjà pratiqué la sophrologie

76 %

des Français qui ont entendu parler de la méthode en ont une image positive

Néanmoins des initiatives sont prises : la Chambre syndicale de la sophrologie a lancé une étude en 2022 et ce jusqu’en 2025 dans le but de mesurer les effets de la pratique sur les aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées.

Rapport sur l’efficacité et la sécurité de la sophrologie (2020)

Une évaluation sur l’efficacité et la sécurité de la sophrologie

Pour ma part, je crois intimement aux bénéfices de la sophrologie. Je suis persuadée qu’elle serait d’une grande aide utilisée au profit de personnes victimes de violences sexistes et sexuelles.