Sophrologie féministe et engagée

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Prenez le temps nécessaire de faire une trêve​

Le psychotraumatisme

Conséquence possible des violences sexistes et sexuelles, le psychotraumatisme est une notion à aborder inévitablement pour comprendre l’impact négatif au niveau psychologique, émotionnel et corporel, sur les victimes. 

Les mécanismes des violences de l’agresseur

Avant de s’attarder sur les conséquences des violences sexistes et sexuelles, il est important d’évoquer les mécanismes des violences et l’impact qu’ils ont sur la victime. L’association #NousToutes relève 5 points qui structurent les mécanismes mis en place par l’agresseur.

Le sentiment de culpabilité est renvoyé par l’agresseur sur la victime dans le but de le déresponsabiliser de l’acte de violence.

Exemple : « Franchement, faut pas t’étonner que je m’énerve vu comme tu te comportes »

L’agresseur cherche à dénigrer la victime dans un but de lui faire perdre en estime d’elle-même.

Exemple : « T’as vu comme tu bouffes, tu vas finir par ressembler à une grosse vache »

L’agresseur travaille sur son attitude et son comportement pour être un homme parfait aux yeux de l’entourage de la victime. Cette attitude décrédibilise la parole de la victime auprès des proches. Il est probable que l’attitude ambivalente crée un sentiment de doute chez la victime qui perd confiance en ses ressentis.

Exemple : « J’ai pris des jours de congés pour m’occuper d’elle » aux parents de la conjointe

En isolant la victime, l’agresseur la prive de toute aide pour sortir de son emprise.

Exemple : « Tu les vois beaucoup tes copines, tu m’oublies ? »

L’agresseur utilise la menace et la peur pour paralyser la victime et l’empêcher d’agir.

Exemple : « Tu sais, je pourrais taper plus fort si tu commences à parler de nous à quelqu’un »

Le psychotraumatisme : conséquence des violences sexistes et sexuelles

Ces violences inter-humaines sont les « plus grandes pourvoyeuses de psychotraumatismes » comme le précise la Doctoresse Muriel Salmona, psychiatre, spécialisée en psychotraumatologie.

Qu’est-ce que le psychotraumatisme ? La thérapeute propose sur son site une synthèse de deux définitions officielles et évoque un « ensemble de troubles psychiques immédiats, post-immédiats puis chroniques se développant chez une personne après un événement traumatique ayant menacé son intégrité physique et/ou psychique. »

Deux types existent : le type I, lié à un événement unique comme un accident ou un attentat et le type II, sur lequel je porte particulièrement mon attention, se rattachant à un « événement répété ou durable » comme des violences conjugales.

Pourquoi s’y intéresser ? La probabilité de développer des troubles psychotraumatiques après un événement traumatisant est de 24 %. Moins d’un quart développent donc des troubles après un événement traumatique. Si l’on se penche maintenant sur les chiffres concernant les violences sexuelles, le pourcentage monte de 60 % à 80 % (dans le cas d’un viol). Au regard de ces statistiques, s’intéresser à la question du psychotraumatisme et les victimes de violences sexuelles fait sens.

Les troubles d’un psychotraumatisme

Les troubles psychiques spécifiques et associés

Une victime d’un psychotraumatisme développe des troubles psychiques spécifiques :

  • Jusqu’à un mois après l’événement : un état de stress aigu, de la détresse avec ou sans dissociation, des troubles psychotiques brefs
  • Plus d’un mois après : un état de stress post-traumatique
  • Plus de 6 mois après : un état de stress post-traumatique chronique


Précisons ce que recouvre un trouble de stress post-traumatique (TSPT). On y trouve plusieurs syndromes :

  • La reviviscence : Muriel Salmona parle de mémoire traumatique qui n’est autre que des pensées récurrentes sur les violences, des ruminations, des souvenirs intrusifs (sensations, douleurs, bruits, paroles), flash-back, rêves répétitifs, cauchemars
  • L’évitement : la victime adopte un comportement contournant des situations se rapportant au traumatisme en développant un monde imaginaire, en se désinvestissant de relations interpersonnelles, en évitant des situations douloureuses ou stressantes…
  • L’hyper-réactivité neurovégétative : la personne victime se trouve dans un état d’hypervigilance, de contrôle, sursaute, a des réveils nocturnes, une hypersensibilité, des colères explosives ou des troubles de l’attention et de la concentration…
  • La dissociation : elle correspond à un état de conscience altérée et provoque des troubles de la mémoire, de la concentration, de l’attention, un sentiment d’étrangeté, d’être spectateur de sa vie


Qu’en est-il des troubles associés ? De nombreux autres troubles existent après un événement traumatique, dont on peut notamment constater :

  • Les troubles d’humeur
  • Les troubles anxieux
  • Les troubles de la personnalité
  • Les troubles du comportement auto-agressif
  • Les troubles addictifs
  • Les troubles du comportement alimentaire
  • Les troubles du sommeil
  • Les troubles de la sexualité
Les troubles physiques et autres conséquences liés à un psychotraumatisme

Le corps n’étant pas dissocié de l’esprit, les troubles physiques existent eux aussi. Les plus fréquents sont la fatigue chronique, des douleurs intenses liées à la tension et à l’hypervigilance et à des contractures musculaires. Il est aussi possible de prendre ou perdre du poids en fonction des troubles psychiques développés, d’avoir des douleurs musculo-squelettiques ou encore des céphalées (maux de tête).

Les autres conséquences sur la vie de la victime ?

Dans l’éventualité d’une absence de prise en charge, l’événement traumatique peut affecter le quotidien en devenant chronique :

  • À l’école : le risque d’échec scolaire ou l’abandon des études existe
  • Au travail : cet événement traumatique peut mener à se retrouver sans emploi ou en arrêt
  • Dans sa vie sociale : il y a un risque de marginalisation et de pauvreté
  • Redevenir une victime
  • Devenir un agresseur

Les mécanismes du psychotraumatisme

Comme l’indique Muriel Salmona, il s’agit « de mécanismes psychologiques et neurobiologiques exceptionnels de sauvegarde qui se mettent en place lors du traumatisme. »

Le ou les événements traumatiques menacent l’intégrité physique, psychique de soi ou d’autrui (si une personne est témoin d’une violence). Comme l’explique la psychiatre, ce sont des situations « terrorisantes par leur anormalité, par le caractère dégradant, inhumain, humiliant, injuste et incompréhensible. »

Lors d’une situation avec un danger habituel, notre corps a une réaction émotionnelle habituelle. L’individu a une première réaction comportementale, comme le sursaut et une réaction préparant, via la sécrétion d’adrénaline et de cortisol, à répondre de façon psychomotrice au danger. L’intensité de la réponse est également adaptée en fonction de l’analyse du cerveau par rapport à la banque de données face à ce type de danger. Une fois la réponse donnée, l’organisme revient au calme et les éléments sont enregistrés dans la mémoire de l’individu.

Dans une situation inhabituelle de danger, la réaction émotionnelle habituelle ne trouve, de part « le non-sens de la violence et de son caractère impensable », aucune réponse. L’organisme continue de produire de l’adrénaline et du cortisol sans pouvoir s’arrêter, faute de solution. Seulement, ces deux éléments deviennent toxiques pour le cœur et le cerveau en trop forte quantité dans le corps.

Alors, comme dans un circuit électrique et en cas de survoltage, le système disjoncte : c’est le moment de sidération. Ce mécanisme permet à notre organisme dont le circuit s’éteint de protéger le cœur et le cerveau : des organes indispensables à notre survie. Notre organisme emprunte alors une « voie de secours exceptionnelle » où est notamment libéré de l’endorphine : l’individu ne ressent plus de douleurs physiques, psychologiques et il n’existe plus de connotations émotionnelles à l’événement. Il s’agit du moment de la dissociation.

Avec cette déconnexion, le berceau de la mémoire au sein du cerveau ne pourra pas accueillir l’événement, ni le traiter en mémoire autobiographique. Cette impossibilité de traitement entraîne par la suite ce qu’on appelle la mémoire traumatique.

La prise en charge du psychotraumatisme

L’OMS considère que le manque de prise en charge du psychotraumatisme est un problème de santé publique. D’après le site de la psychiatre, les victimes mettent en moyenne 13 ans pour trouver une prise en charge adaptée et un quart d’entre elles n’y accède jamais.

Échelle d’évaluation du psychotraumatisme

17 questions pour déterminer le niveau de traumatisme chez une victime

Pourtant, plus la prise en charge est rapide et globale, moins les victimes souffrent du syndrome post-traumatique six mois après les faits (2 fois moins précisément). Plusieurs méthodes thérapeutiques peuvent répondre de façon complémentaire aux besoins de victimes de violences sexistes et sexuelles :

  • La psychothérapie : elle est essentielle et ne peut être dispensée que par un.e psychothérapeute compétent.e et formé.e à la psychotraumatologie
  • Différentes thérapies : il en existe plusieurs comme les thérapies comportementales et cognitives (TCC), l’hypnose, l’EMDR, les thérapies émotionnelles, les thérapies corporelles, la thérapie par le jeu pour les enfants, les thérapies de groupe et je rajouterai la sophrologie.

Pour l’ensemble de ces méthodes complémentaires, il est primordial que les thérapeutes soient formé.es à la psychotraumatologie et conscients des conditions spécifiques des femmes et du contexte socio-culturel de la domination masculine.

Quels sont les objectifs des thérapies sur les victimes ?

Plusieurs objectifs peuvent être remplis par les méthodes thérapeutiques. La psychothérapie se concentre sur le pourquoi des souffrances, tandis que la sophrologie, dans mon cas, se pose comme un moyen pour aller mieux.

Psychothérapie :

  • Traiter la mémoire traumatique : l’objectif est de pouvoir vider cette mémoire en identifiant les violences et l’origine des souffrances. Les psychothérapeutes établissent le lien entre les violences et les symptômes pour permettre un retour à une mémoire autobiographique.
  • Donner du sens à l’événement traumatique et stopper les conduites dissociantes : en déminant la mémoire traumatique, les conduites dissociantes s’arrêtent.

Autres disciplines thérapeutiques dont la sophrologie :

  • Retrouver l’estime en soi, la confiance en soi
  • Retrouver des liens inter-personnels sains et sécurisants
  • Gérer, apaiser les douleurs et les angoisses
  • Gérer les phobies, addictions
 
Je propose de vous accompagner avec une pratique en sophrologie et de prendre le temps de parler du psychotraumatisme, hors du cadre de la sophrologie, lors de nos séances. Il est important de le comprendre pour aller mieux et c’est l’objectif de toutes les pratiques thérapeutiques.